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Derrière son bureau, Florence Sirurguet, assistante commerciale pour une entreprise italienne de travaux publics basée à Is-sur-Tille, affiche le sourire d’une jeune femme timide et calme. Le secret de sa sérénité ? Non, ce n’est pas la dernière crème antirides au collagène, mais peut-être plutôt sa deuxième activité : depuis six ans, Florence est sapeur pompier volontaire. Ne vous fiez pas à son regard placide : en cas de danger, elle saura faire preuve de réactivité et de vigueur.
C’est à l’âge de dix-neuf ans que Florence a choisi de s’engager comme sapeur pompier volontaire à Is-sur-Tille, en Côte-d’Or. À l’âge où d’autres donnent l’exclusivité à leurs études, au shopping ou aux sorties, la jeune femme a décidé d’accorder une partie de son temps au service de ses concitoyens. À l’époque, elle étudie en faculté d’italien, mais refuse d’adhérer au système « chacun pour soi », au profit d’une ouverture aux autres : « J’ai voulu devenir sapeur pompier volontaire pour venir au secours des gens, aller au devant de leurs besoins. Cela me permet surtout de me sentir utile », explique-t-elle. L’utilité, Florence Sirurguet la situe bien au-delà du cercle privé. Sauver des personnes anonymes la fait tout autant vibrer : « Ça m'apporte une grande satisfaction, surtout lorsque nous mettons hors de danger une victime potentielle », raconte-t-elle, émue.
Mais à l’aube d’une carrière professionnelle, une telle activité peut s’avérer un vrai sacrifice : « Cela prend du temps, bien sûr. Nous avons une astreinte du lundi au vendredi de 21 h à 6 h et le week-end de 21 h le vendredi soir au lundi à 6 h sans interruption, et cela toutes les trois semaines. Nous avons aussi une manœuvre mensuelle tous les premiers dimanches du mois, sans oublier les manifestations du 8-Mai, du 11-Novembre et du 14-Juillet où nous défilons. Effectivement, c’est un véritable investissement, mais en tant que femme célibataire, je trouve que c’est gérable. »
À vingt-cinq bougies à peine soufflées, beaucoup de jeunes sont encore démangés par l’appel des boîtes de nuit ou des soirées entre amis le samedi soir. Or, pour Florence, de nombreux samedis soirs riment avec astreinte. Elle peut alors rester au chaud chez elle devant un DVD : « Les astreintes ne se font pas en caserne, mais à domicile. Nous sommes munis d’un bip personnel. Pour les fêtes, il faut jongler avec les astreintes. On peut aussi facilement s’arranger avec un collègue qui peut nous remplacer pendant notre temps d’absence. »
Eh non, sapeur pompier n’est pas une activité réservée à la gente masculine. Comme les hommes, les femmes doivent faire preuve d’endurance physique et de résistance et subir entraînement sportif régulier « tous les premiers dimanches du mois de 8 h à 9 h (course, foot, hockey, piscine…) et le dimanche d’astreinte de 11 h à 12 h ». Dans la caserne de Florence, un pompier sur six est une femme.
Cependant, on ne peut aller contre la nature ni contre le machisme des pompiers : la jeune femme admet que certaines tâches lui sont épargnées ou au contraire attribuées par son appartenance au genre féminin : « Malgré tout, nous n’avons pas la même force que les hommes : pour désincarcérer, par exemple, nous avons plus de mal à porter la cisaille seule (contrairement aux hommes). Lors d’un brancardage, on s’arrange pour porter la partie la moins lourde ; et puis les sapeurs pompiers volontaires sont un peu machos… »
Alors, homme ou femme, que faut-il faire pour être sapeur pompier volontaire ? « Il y a cinq formations de base à suivre avant de monter dans les camions rouges, explique Florence. Premièrement, une formation secourisme : on apprend à faire un massage cardiaque en utilisant le DSA (défibrillateur semi-automatique), on suit une formation à la désincarcération, pour apprendre à secourir au plus vite les accidentés de la route. Il y a ensuite une formation incendie, qui consiste à apprendre à exécuter au plus vite un établissement de tuyaux et lances pour éteindre le feu ; et encore diverses formations, comme l’épuisement lors d’une inondation, la destruction de nids d’insectes, etc. » Par la suite, un pompier volontaire est engagé pour cinq années tacitement reconduites. Les sapeurs pompiers volontaires touchent des vacations mensuelles s’élevant à 200 euros en moyenne.
Dans la caserne, chacun a un rôle attitré : « En fonction des formation, spécification et grade de chacun. Lors d’un départ en ambulance (VSAV) par exemple, il y a un conducteur, un chef d’agrès (c’est-à-dire la personne qui gère l’équipe entière en donnant une fonction à chacun) et deux servants qui remplissent leur rôle dans les plus brefs délais. »
Et quand on lui demande si le regard des autres ou son propre regard sur elle-même a changé, elle sourit : « Pas du tout, je suis toujours la même Flo que tout le monde connaît ! Ça a peut-être changé quelque chose pour ma famille, qui est fière de ce que je fais. » Mais si l’activité est compatible avec la vie actuelle de Florence, elle l’est en revanche moins avec ses projets : « À vrai dire, je pense arrêter cette activité dans quelques mois… En tant que femme, je souhaiterais construire ma vie, avoir des enfants, et pour cela, je dois avoir plus de temps pour moi… »