Et si vous achetiez une voiture aux enchères ? À écouter certains, il y en a pour tous les budgets. Mais attention, soyez vigilants, car vous ne pourrez pas essayer les véhicules. Bon plan ou piège ? Ecotidien vous dit tout.
Les enchères, ce n’est pas du luxe ! Beaucoup de Français passent par ce système pour acquérir une voiture… Comme Belhadj, 34 ans, habitant du Val-d’Oise. En 2007, il a acheté un monospace pour sa petite famille. Coût de la transaction : 7 000 euros pour un modèle de 2004, 125 000 km, cinq portes. Ajoutez à cela environ 1000 euros de taxes et frais de dossier. Cher diront certains bonne affaire, diront d’autres. Belhadj, lui, connaît bien les enchères. « Il y a une vente à proximité de chez moi avec une centaine de véhicules chaque semaine. » Autant dire qu’il y a du choix.
Les organisateurs, exclusivement des hôtels de ventes dirigés par un commissaire-priseur, sont plutôt bien rôdés à l’exercice. Yannick Hourcant est responsable des ventes aux enchères dans un hôtel de ventes à Lorient (Morbihan). Il organise deux enchères par semaine sur deux sites différents. « Le lundi, on a la vente traditionnelle avec 500 véhicules à Nantes et une vente dite « fleuve » chaque fin de mois à Lorient avec parfois 800 véhicules. » Rigueur et sérieux sont alors de mise pour appâter le client.
D’autant que les futurs acquéreurs ne peuvent toucher le véhicule… qu’avec les yeux. Seule faveur, la possibilité de le démarrer, pas plus. Il ne leur reste que la fiche technique propre à chaque voiture, avec les réparations éventuelles. Belhadj a d’ailleurs déboursé « 200 euros en plus pour changer les pneus usés et la batterie ». Autre point capital, vérifier le contrôle technique. Car une fois acheté, le véhicule n’est pas soumis à garantie. Durant les enchères, tout le monde est donc très attentif au moindre détail. « On a une exposition pendant une demi-journée, la veille des ventes entre 14 h et 18 h ou parfois à partir de 8 heures du matin si les enchères se déroulent le jour même », souligne Yannick Hourcant. Mais comment se décider sans même essayer un véhicule ? Pas facile en effet. Des conditions de vente qui ont toujours freiné Laura, 31 ans. « J’ai 12 ans de permis et j’ai failli à plusieurs reprises acheter une voiture aux enchères. Mais j’ai peur de me planter. »
Malgré toutes les informations relatives au véhicule, à ce jeu-là, c’est un peu au petit bonheur la chance. Sans parler de la concurrence le jour J. Plusieurs clients ont l’œil rivé sur le même produit. Au commissaire-priseur d’orchestrer la vente. Aussi à son avantage. Du haut de son podium, il dirige et fait monter la pression. N’oublions pas qu’il récupère un pourcentage sur les transactions réalisées par son hôtel de ventes. « Autour de 14 % de frais légaux sont versés par l’acheteur directement au commissaire qui reverse lui-même 5 % au propriétaire initial », selon un hôtel des ventes basé dans les Yvelines.
Contrairement aux idées reçues, la grande majorité des hôtels des ventes sont missionnés pour vendre des actifs d’entreprises. « 90 % des véhicules proviennent de dossiers de liquidation judiciaire. » Selon Yannick Hourcant, « les particuliers représentent moins de 1 % des vendeurs ». Dans son portefeuille clients, « essentiellement des institutions, des sociétés de leasing, des groupes de concessionnaires ». Après avoir signé un pouvoir de vente, l’hôtel des ventes a les pleins pouvoirs pour superviser la vente et en récupérer un pourcentage. Et avec la crise, certaines études ont vu les ventes grimper en flèche. Dans les Yvelines par exemple, le constat est sans appel. « En janvier, nous avons vendu une quarantaine de véhicules d’une même société. » C’est une certitude. « Avec la crise, les ventes sont en pleine croissance. »
Cruelle réalité, mais le contexte profite donc à ces spécialistes des enchères. Avec une mise de départ variable, le commissaire a donc tout intérêt à voir les prix s’envoler… « Chaque véhicule est estimé en fonction de son prix Argus, du modèle, de l’année, de son état », rappelle Yannick Hourcant. Généralement, les enchères font grimper le prix de départ. Entre 200 et 2000 euros en général. Ainsi, « une Renault Clio III avec 25 000 km au compteur, 5 portes, 1,5 litres DSI, cotée 12 600 euros, a été adjugée à 9 800 euros. » Et d’ajouter : « Nous avons tous types de véhicules, du low cost, mais aussi du très haut de gamme… » Des prix attractifs qui ne cessent d’attirer les particuliers, « environ 70 % des acheteurs ». Alors, bon plan ou piège ? « Ni l’un, ni l’autre », répond Belhadj. C’est un peu vous et votre chance.