La Grèce fait la une de l’actualité en ce moment. Ni pour son régime crétois ni pour ses plages magnifiques, mais pour la crise économique qu’elle traverse. L’Europe tout entière s’unit pour aider le pays à « s’en sortir » et à payer sa dette. Au passage, elle souffre d’un déficit d’image qui peut porter un préjudice important à toute son économie. En effet, en Grèce, le secteur touristique emploie un salarié sur cinq et représente 20 % du PIB.
Dommage collatéral de cette crise économique, donc : le tourisme. Le Point révèle par exemple que « trois bateaux de croisière avec 7 000 passagers ont renoncé à accoster à Athènes en raison de la grève ». Les hôteliers du pays s’affolent, pensant que la clientèle devrait diminuer de 10 % pendant l’été 2010. Un vrai cercle vicieux est en train de se mettre en place.
Un groupe d’amis quadras récemment divorcés avait projeté de partir en Grèce ensemble : sur les six prévus, seuls deux n’ont pas annulé leur venue, Patrick et Michel. « Les autres ont préféré partir en Corse, ils trouvent que c’est plus sûr », déplore Michel qui avait avancé les acomptes.
D’après l’AFP, ce ne sont pas moins de 27 000 nuitées qui ont été annulées depuis la manifestation du 5 mai dernier. Le directeur général de Thomas Cook Voyages affirmait dans le même temps qu’il était « difficile de vendre la Grèce en Allemagne et en Angleterre » où elle souffre d’une mauvaise presse. Et en France, ce n’est pas beaucoup plus brillant…
Que les touristes continuent à venir et à dépenser de l’argent, c’est donc vital pour l’économie nationale. Du coup, les voyagistes mettent le paquet : un séjour gratuit pour un payé, une réduction de 100 euros pour un séjour dans un hôtel de luxe sur le site Hélliades, spécialiste de la Grèce. Au Club Med Gregolimano, sur l’île d’Eubée, le séjour est à 3 300 euros pour deux adultes et un enfant, soit 200 euros de moins qu’il y a un mois. Mais, contactés par téléphone, les conseillers affirment que la crise n’y est pour rien.
Olivia, retraitée française, s’est endettée pour acheter une résidence secondaire en Grèce. Elle est propriétaire d’un petit logement sur l’île de Mykonos, connue pour ses paillettes et sa communauté gay internationale. « Ce qui me fait peur ? Être ruinée, tout simplement. Ma maison a déjà perdu de sa valeur. Les touristes ne veulent pas venir, ils ont peur d’être pris dans des émeutes ou des manifestations. Je la loue huit semaines, je n’ai eu que quatre réservations et deux ont déjà annulé, préférant perdre leur acompte. Un comble ! » L’an dernier, Olivia avait fait le plein de réservations et, à 1400 euros la semaine (!), elle avait pu rembourser la quasi-intégralité de son crédit de l’année.
Patrick et Michel ont décidé de partir quand même. Destination : Paros, petite île grecque familiale où Stéphane Bern a une maison. Pour eux, c’est une question de solidarité mais pas seulement : en bons misanthropes, ils se ravissent à l’idée de bénéficier des plages désertées… et des réductions !