Un logement qui ne se vend pas et le temps qui joue contre vous… Pour convaincre enfin les acheteurs potentiels, rien de tel qu’une transformation radicale de votre logement. Le concept du home staging, démocratisé par la télé, vient des États-Unis et fait de plus en plus d’adeptes. Simple gadget ou réel booster de ventes ?
Le principe est le même que celui du relooking, mais adapté à votre intérieur : offrir la possibilité de porter un regard extérieur sur des éléments que votre œil ne voit plus, tant il y est habitué. Si vous demandez à vos amis quels sont les défauts de votre logement, il y a fort à parier qu’ils relèveront des détails que vous n’aviez même pas vus : fil dénudé, compteur apparent, carreaux fendillés…
Partant de conseils qui relèvent souvent du simple bons sens, le home staging permet d’y remédier. « Nous n’avons jamais installé d’abat-jour, si bien que les pièces sont éclairées par des ampoules nues. On trouvait ça neutre… de même, nous n’avions pas terminé les placards de l’entrée, qui étaient sans porte », se souvient Françoise, 47 ans, ex-propriétaire d’un pavillon en Midi-Pyrénées. En tout, les menus travaux effectués lui ont coûté 8 000 euros. Une somme non négligeable.
« En fait, nous avions déjà déménagé, si bien que nous remboursions deux crédits. Chaque mois, 1200 euros s’évanouissaient dans la nature. » Débourser ces 8 000 euros lui a permis de vendre immédiatement son pavillon. « Je payais mon crédit depuis 5 mois, j’avais donc payé 6 000 euros. Après le home staging, j’ai attendu 2 mois la vente : si je l’avais fait de suite, j’aurais même gagné de l’argent ! »
En effet, « home stager » son logement, c’est aussi s’épargner la phase de négociation. « Le coup des portes du placard, 12 visiteurs sur 15 nous en ont fait la remarque en essayant de négocier sur ce point. » Après le home staging, personne n’a essayé de négocier. Marta, home stager, vit à San Francisco où elle exerce sa profession depuis près d’un an. Elle a déjà aidé plus de 30 propriétaires à réévaluer leur bien pour mieux le vendre.
« Au-delà des petites réparations de bon sens, il s’agit aussi souvent de dépersonnaliser le logement », explique-t-elle. Les home stagers conseillent généralement d’enlever les photos de famille, les photos de vacances, les souvenirs du type cendrier « Cuba » ; tout ce qui donne un style trop marqué (animaux empaillés) ; les couleurs vives ou originales : murs peints en vert, décoration rouge et noire, meubles customisés ; le désordre (mettez vos papiers dans de grandes boîtes en plastique et rangez-les dans des placards). Supprimez tout ce qui laisse trace d’une présence et empêche de se projeter (affichettes politiques, calendrier Playboy, slogans : « ni dieu ni maître », ou au contraire « Jesus is my hero », signes religieux ou d’appartenance à un culte).
À l’inverse, après un home staging, on remarque que les parures de draps sont assorties et en bon état (les taies d’oreillers bleues qui boulochent sur une housse de couette à tête de loup, par exemple, on évite !), dans des tons neutres (beige, blanc, gris, taupe, marron). « N’hésitez pas à ajouter des accessoires de sécurité, comme une barrière d’escalier ou des cache-prises », recommande Marta. L’idée étant que le visiteur n’ait pas à faire un trop gros effort d’imagination pour s’y projeter avec sa famille. « Très souvent, les vendeurs pensent bien faire en laissant des plaques « It’s a boy » sur la porte, par exemple, des lits voitures et une chambre à thème, parce qu’ils trouvent ça beau et qu’ils l’ont payée cher », raconte Marta. Pourtant, une chambre très simple composée uniquement d’un lit blanc ou en bois et d’une commode, à la façon des catalogues de meubles, aura bien plus de succès.
Le home staging, donc, apporte réellement une valeur ajoutée… à condition que le prix de l’intervenant ne soit pas prohibitif. Marta, par exemple, facture jusqu’à 17 000 € son intervention. Pas forcément rentable pour le vendeur « home stagé ». « Je dois payer un décorateur, le matériel, le temps passé », justifie-t-elle. Dans ce contexte, nombreux sont les vendeurs qui ce « home stagent » eux-mêmes, avec l’aide de catalogues de décoration ou parfois, bénévolement, de leur agent immobilier souvent ravi d’accélérer la vente et donc… le paiement de sa commission !