Green Card, mode d’emploi : comment rejoindre les 117 000 français vivant aux USA ?
L’Independance Day, fête nationale américaine, a été célébrée partout dans le monde samedi dernier. L’American Dream, cette idée selon laquelle n’importe quel individu peut réussir grâce à son travail et sa détermination, est-elle toujours d’actualité ? Oui, pour les 10 millions de personnes qui remplissent chaque année une demande de carte verte, d’après le Department of State.
Les détracteurs du système américain rappellent que ce pays est à l’origine de la crise économique, que les enfants peuvent s’y procurer facilement des armes, que la Sécurité sociale y est inexistante. « Comment peut-on rêver d’un pays fondé sur le génocide indien ? » demande Régis, qui est fier de ne jamais avoir mangé un Big Mac de sa vie et met un point d’honneur à ne pas regarder de séries américaines. Mais on peut rappeler que les États-Unis d’Amérique, c’est aussi le deuxième pays du monde à s’être doté d’une Constitution écrite (en 1787, elle a fait oublier la Constitution corse de 1755) et le seul pays qui y inscrit noir sur blanc le droit à « la recherche du bonheur ».
Le PIB des États-Unis représente ¼ du PIB mondial, soit plus de 14 milliards de Dollars, et les économistes affirment que si la Californie était un état indépendant, à lui seul, il serait la 6ᵉ puissance économique mondiale ! Avec, 305 millions d’habitants et une natalité à près de 15 %, les Américains ne sont pas en pénurie de travailleurs. Pourtant, chaque année, l’État organise sa propre immigration.
Si un demi-million d’étudiants étrangers et 10 millions de clandestins résident sur le sol américain d’après le Département de la sécurité intérieure, il existe une façon plus pérenne de s’installer aux USA : obtenir une carte verte, qui permet à une personne et à sa famille (conjoint et enfants mineurs de 21 ans) de venir travailler aux États-Unis. Charlotte a 30 ans. Jeune mariée au chômage, elle aimerait aller y vivre. « La France est sclérosée » affirme-t-elle. « Ici, si vous n’avez pas fait une grande école de commerce, vous ne pouvez rien espérer. J’ai travaillé dans les assurances et j’ai attendu 5 ans une promotion, au moment où je pensais que j’allais enfin l’avoir, j’ai été licenciée. Entre-temps, j’ai vu tous les jeunes diplômés me passer devant. » Avec un mari commerçant, Charlotte s’estime étranglée par les impôts et les charges. Elle en est persuadée : aux États-Unis, ils auraient la belle vie.
Mais contrairement à l’adage, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir ! Les demandes de cartes vertes sont extrêmement règlementées. Appelées « green cards » en référence à la couleur de l’imprimé initial, les cartes sont devenues blanches puis, depuis les attentats du 11 septembre 2001, et été remplacées par des dossiers informatiques hyper-sécurisés, affirme le Département d’État.
La demande de carte verte est, en théorie, gratuite. Au pays du McCarthysme, où « socialisme » est un gros mot, on veut pourtant préserver l’égalité des chances en permettant à tous de déposer une demande. Tous les ans, une loterie géante permet donc à près de 55 000 étrangers de venir s’installer aux États-Unis. « Le but est de maintenir une diversité permanente » explique le site web officiel de la carte verte.
Malgré la gratuité, certains, comme Charlotte, n’hésitent pas à payer. « Je me suis inscrite sur un site web qui réalise les démarches pour moi. Je peux même gagner un billet d’avion pour aller aux USA si j’obtiens la carte verte ! » Une centaine de sites proposent ce type de services, facturés de 30 à 300 € pour les plus audacieux. Présentés comme des sites officiels, avec drapeau des États-Unis, hymne américain en fond sonore et textes légaux écrits en Anglais, ils promettent, comparatif à l’appui, d’augmenter les chances de gagner une carte verte. En réalité, il n’en est rien.
Il n’existe que 3 manières d’obtenir une carte verte outre cette fameuse loterie : Via un employeur justifiant qu’il n’a trouvé personne de plus compétent que vous aux États-Unis ; en vous mariant avec un citoyen américain (voir le film Green Card avec Andie McDowell et Gérard Depardieu) ou en l’achetant directement : si vous avez 500 000 Dollars US à investir, vous pouvez vous l’offrir ! Et, en plus des cartes vertes, chaque année, 675 000 visas sont accordés, limités à 20 000 par pays.
Profitant de l’opacité du système, des hommes de loi ont décidé d’en faire, eux aussi, un business. Sur leurs sites web, certains avocats spécialistes du droit de l’immigration, ou en tout cas se présentant comme tels, affichent un gros logo « paiement par carte bancaire » et par téléphone. Nous en avons appelé un, qui demande dans un anglais approximatif de payer avant la délivrance de tout renseignement. La simple inscription est facturée 40 à 160 Dollars US, et cette somme sera « à compléter » par des honoraires importants en cas de tirage au sort.
Si la demande de Charlotte est refusée cette année, elle passera par l’un d’eux l’an prochain. « J’ai mis mes indemnités de licenciement de côté, il me reste 7 500 €, j’entends bien les utiliser pour aller aux États-Unis par tous les moyens ! » Si vous avez réussi à remplir le dossier sans déborder dans les marges, à faire une photo numérique correspondant aux critères, que vous répondez à toutes les exigences et que vous avez été tiré au sort, vous pourrez enfin recevoir votre carte verte ! Après 5 ans de présence sur le territoire, il vous sera même possible de demander la nationalité américaine. En 2008, on recensait 117 000 Français aux États-Unis.